mardi 14 avril 2015

Ce que Jean Marie Le Pen brise, c'est non pas son parti, mais le plafond de verre structurel qui bride le FN


Après l'effort collectif investi dans les départementales par le FN de l'Eure pour un résultat excellent en nombre de voix mais évidement nul en termes de résultat électoral, tant local que national, les propos de Jean Marie Le Pen chez Bourdin, réitérant le "détail de l'histoire" et chez Rivarol contre la nouvelle ligne Mariniste n'arrive pas par hasard : le statu quo ne pouvait pas durer !
Non pas à cause des frasques du Menhir, mais bien du fait récurent des mauvais résultats.

Certes il y a un  "détail de l'histoire" du projet national et patriote à régler : Jean Marie n'est évidement plus en situation de tenir son rôle car il ne représente plus du tout le FN d'aujourd'hui. Il a lui-même coutume de le dire : "malheur aux peuples dont les chefs ont les mains molles". C'est triste à dire, mais c'est maintenant à Marine d'avoir les mains fermes et de séparer son père du Front National. Dans des formes dignes, mais fermes. D'autant que l'atténuation du caractère familial de l'entreprise Le Pen sera une bonne chose.

Au delà du symptôme, du drame de famille et de l'évènement médiatico-politicien occasionné, ceci révèle que le FN est en crise de croissance et c'est une crise structurelle autant que culturelle que confirme la constance des échecs électoraux enregistrés.
Il n'est pas faux de parler de crise d'adolescence puisqu'il s'agit bien d'accéder à un statut d'adulte politique seul apte à assumer une mission nationale à la tête de l'Etat, ou locale à la présidence d'un térritoire.

Or cette maturité ne se mesure pas en nombre de voies, mais en qualité intrinsèque de l'organisation. Contrairement à ce qu'on dit, le plafond de verre n'est pas électoral, ni même une question de potentiel d'alliance dans les seconds tours. Mais il est bien dans l'inadéquation structurelle de l'organisation partisane autant que dans celle de l'offre politique déployée sur les différents fronts. A commencer par celui de la décentralisation et de l'implantation locale.

La rupture relative avec Jean Marie n'aura d'effet que si elle se traduit sur le terrain par une rupture progressive avec le modèle caduque de militantisme ou d'adhésion du canal historique, par une rupture avec ce que j'appelle l'auto-diabolisation complaisante.

Au niveau stratégique, il s'agit d'en finir avec la doctrine populiste du tout-par-l'électoralisme de masse qui abaisse le parti au rôle d'agence de tourisme politique, promeut comme cadres des figurants aussi amateurs qu'incompétents, et intoxique l'organisation par un amateurisme mi-bon enfant mi-arrogant.

C'est un vaste chantier car c'est une révolution culturelle et un remaniement de la sociologie des adhérents, et un nouveau modèle de management qu'il s'agit de gérer.

Autant dire que les deux années qui restent avant 2017 n'y suffiront pas. L'UMPS peut dormir tranquille.


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